LOT 217

BCSFA CGP
1871 - 1945
Canadien

Woodland Interior
huile sur papier sur carton, circa 1938
signé avec le cachet de la succession et au verso inscrit « 88 » et avec le numéro d’inventaire de la Galerie Dominion #844d
24 x 35 5/8 po, 61 x 90.5 cm

Estimation : 200 000 $ - 300 000 $ CAD

Exposition à : Heffel Montréal

PROVENANCE
Galerie Dominion, Montréal
Collection privée, Vancouver
Beaux-arts canadiens, Maison de vente aux enchères Heffel, 25 mai 2016, lot 122
La collection de Torben V. Kristiansen, Vancouver

BIBLIOGRAPHIE
Doris Shadbolt, The Art of Emily Carr, 1979, une huile sur toile similaire vers 1937-1940 intitulée Sombreness Sunlit, dans la collection des Archives de la Colombie-Britannique, reproduite page 131, et une huile sur toile similaire vers 1937-1940 intitulée Dancing Sunlight, dans la Collection McMichael d’art canadien, reproduite page 144
Emily Carr, Des centaines et des milliers : les journaux d’Emily Carr, 2006, pages 179, 185, 273 et 282


Je suis entourée d’arbres. Ils sont pleins de bavardages, le vent et les oiseaux les accompagnent. Dans les soupirs du vent, ils racontent leurs chagrins. Dans le pépiement des oiseaux, ils expriment leur joie.—Emily Carr, 1934

Pour Emily Carr, la forêt est une jungle verte, sauvage et sans entrave, un lieu foisonnant de vie et de mystère. Lorsqu’elle est chez elle à Victoria, elle a envie de sortir dans les bois et de communier avec la nature. Dans son journal intitulé Hundreds and Thousands, elle se demande : « Qu’est-ce qui m’attire dans ces endroits sauvages, sans loi, éloignés et solitaires ? » Encore et encore, dans chaque œuvre, Carr cherche à capter le cœur de la forêt et sa propre expérience de ce lieu, à fixer l’insaisissable dans sa peinture. Ce faisant, elle crée un ensemble d’œuvres qui expriment l’essence de la forêt de la Colombie-Britannique.

L’un des chapitres du journal de Carr, « A Tabernacle in the Wood » (Un tabernacle dans les bois) indique clairement que la forêt lui fait vivre une expérience spirituelle lorsqu’elle s’y immerge dans la forêt pour peindre. Après avoir installé son tabouret et son matériel de peinture, elle s’installe et attend que sa vision se concrétise. Dans les années 1930, Carr peint en plein air en travaillant avec de la peinture à l’huile diluée à la térébenthine ou à l’essence sur papier. Cette technique lui donne aussi une grande liberté pour travailler intuitivement et exprimer le flot d’idées qui lui viennent. Elle veut que son sujet s’impose à elle, et non l’inverse. L’intention de Carr est de canaliser les esprits de la nature qui l’entourent, et elle transfère sa vision sur papier avec des traits audacieux et fluides, tout en faisant l’expérience d’un état de conscience élevé.

Carr considère que les arbres sont des êtres animés. Elle peint de vieux arbres géants qui s’élèvent vers le ciel, de jeunes conifères élancés qui dansent dans le vent, des arbres tombés et des souches cassées. La peintre est fascinée par les arbres à tous les stades de leur cycle de vie, ceux qui sortent de terre et ceux qui y retournent, et elle a tendance à les anthropomorphiser. Elle a écrit sur « l’affreuse solennité des arbres séculaires, qui nous regardent de haut avec la sagesse de leurs longues années de croissance et nous font sentir parfaitement infinitésimal ». Puis, dans un esprit tout à fait différent, elle exprime sa joie devant les jeunes arbres, ces « petits pins frivoles, très brillants et verts jusqu’aux pointes ». Elle décrit le vent qui « souffle gaiement au-dessus d’eux, ébouriffant leurs joyeuses cimes duveteuses et leurs jupons qui dépassent ».

Dans cette œuvre représentant la forêt intérieure, un bosquet d’arbres solennels au premier plan est éclairé de l’arrière par une lueur vert doré filtrant à travers la canopée dans une clairière, au-dessus de monticules ondulants couverts de mousse et d’herbe. Des traînées de rose et d’orange contribuent à réchauffer cet espace accueillant. Les arbres dans cette œuvre ont un style distinctif apparu à la fin des années 1930 : leurs troncs sont segmentés en anneaux, formés par de courts traits de peinture horizontaux. Cette représentation stylisée rappelle les anneaux de croissance à l’intérieur des arbres qui indiquent leur âge. Dans les arbres de l’arrière-plan, ces anneaux s’ouvrent et laissent apparaître l’espace entre eux. Carr représente ainsi la dématérialisation de la forme dans le flux d’énergie qui pulse à travers la forêt.

Carr est très consciente de l’énergie qui se déplace dans toutes les parties de la forêt, s’élevant à partir du sol et se déplaçant comme un courant électrique à l’intérieur des troncs jusqu’à la canopée où elle s’amalgame dans un grand élan de vie. L’impulsion de la création est irrépressible, et Carr perçoit que de la terre « jaillit à nouveau le grand océan vert de la croissance ». Elle ajoute : « L’air l’appelle. La lumière l’appelle. L’humidité. Il les entend. Il est là, à attendre. Il monte et éclate, il ne se laisse pas retenir. C’est la vie elle-même, une vie forte, explosive. » Woodland Interior est le poème visuel émouvant que Carr dédie à cette vie.

Pour la biographie de Torben V. Kristiansen en format PDF, veuillez cliquer ici.


Estimation : 200 000 $ - 300 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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