LOT 028

CPE CSGA CSPWC OSA RCA
1941 - 2022
Canadien

Fire Down on the Labrador
eau-forte et aquatinte sur papier
signé, titré, édition 30/50 et daté 1980
31 1/2 x 19 3/4 po, 80 x 50.2 cm

Estimation : 60 000 $ - 80 000 $ CAD

Exposition à : Heffel Montréal

PROVENANCE
Acquis directement de l’artiste par la collection privée actuelle, Ontario, vers 1980

BIBLIOGRAPHIE
Patricia Grattan et Michael Burtch, David Blackwood : Prints, 1962 - 1984, Art Gallery, Université Memorial de Terre-Neuve, 1985, reproduit et répertorié, non paginé
William Gough, The Art of David Blackwood, 1988, reproduit en couverture et dans la section « Down on the Labrador » à la planche 4 et répertorié, non paginé
William Gough, David Blackwood, Master Gravemaker, 2001, reproduit page 108
Katharine Lochnan, éditrice, Black Ice : David Blackwood Prints of Newfoundland, Art Gallery of Ontario, 2011, reproduit sur la couverture (détail), en frontispice et page 199, œuvres préparatoires reproduites pages 190 à 198, toutes les œuvres sont répertoriées page 205

EXPOSITION
Art Gallery, Memorial University of Newfoundland, St. John’s, David Blackwood : Prints, 1962 – 1984, en tournée de 1984 à 1987 à l’Art Gallery of Algoma, Sault Ste. Marie; Art Gallery of Nova Scotia, Halifax; Confederation Centre Art Gallery, Charlottetown; Robert McLaughlin Gallery, Oshawa; Canada House Cultural Centre Gallery, Londres, Royaume-Uni; Royal West of England Academy, Bristol; et d’autres lieux européens et de l’Ouest canadien, même image, catalogue #47
Blackwood Gallery, Erindale College, Université de Toronto, Mississauga, David Blackwood : Prints, 1980 – 1990, en tournée de 1993 à 1999 dans plus de 25 lieux à l’échelle nationale et à l’ambassade du Canada, Tokyo, 1997, même image
Art Gallery of Ontario, Toronto, Fire Down on the Labrador : The Creative Process, 2002, même image
Art Gallery of Ontario, Toronto, Black Ice : David Blackwood Prints of Newfoundland, 5 février – 15 mai 2011, même image, catalogue #63 - #71, y compris les travaux préparatoires et diverses épreuves


Fire Down on the Labrador est une œuvre tellement connue et tellement aimée qu’il est fort probable que plus de personnes connaissent cette eau-forte que son titre, ou même le nom de son auteur. Au cours de sa carrière qui a duré plus de 60 ans, David Blackwood a créé un véritable monument tentaculaire en l’honneur des lieux de son enfance, la communauté côtière de Wesleyville, à Terre-Neuve. Il l’a représentée en peinture, à l’aquarelle, sous forme de sculptures et, ici, au moyen de la technique à laquelle on l’associe le plus souvent, l’eau-forte au vernis mou.

La virtuosité technique de Blackwood en matière d’eau-forte et d’aquatinte est exposée sans équivoque, mais il est important de souligner qu’il ne se contentait pas de graver les plaques de cuivre à partir desquelles ses œuvres étaient imprimées : il les encrait et réalisait lui-même chaque épreuve. Il comparait ce processus à la musique : si la plaque gravée était la partition, l’encrage et l’impression en étaient l’interprétation et l’exécution. Certaines œuvres comportant plusieurs couleurs ont été en partie colorées à la main après l’impression, mais toutes les encres de cette œuvre particulière ont été appliquées sur la plaque même. Un examen attentif, par exemple, révèle que le rouge des flammes se prolonge dans le noir d’ébène du ciel nocturne, ce qui produit une lueur émanant de la plaque qui varie subtilement d’une impression à l’autre.

Le cétacé représenté est la baleine boréale ou baleine du Groenland. Son nom scientifique, Balaena mysticetus, se traduit approximativement par « baleine mystique ». Les baleines boréales vivent dans les eaux les plus froides de l’océan et comptent parmi les mammifères qui vivent le plus longtemps sur terre, certaines ayant une espérance de vie de plus de 200 ans. Le mastodonte écrase la composition par sa présence, éclipsant les victimes humaines. Un incendie est le pire de tous les dangers pour un navire en pleine mer, mais lorsqu’on le compare à la menace que présente cet être ancien, le bateau devient le théâtre apparemment minuscule d’une tragédie humaine.

Dans ce contexte, cette œuvre peut être considérée comme un memento mori ou une vanité. Ce genre artistique à l’histoire longue et riche est censé instiller une humilité face à la fragilité et à la brièveté de la vie humaine, sur laquelle il est toujours illusoire d’exercer un véritable contrôle. On peut cependant considérer les choix de Blackwood non seulement comme allégoriques, mais aussi comme élémentaux. Un dessin préparatoire pour cette œuvre (dans la collection de la bibliothèque et des archives Edwin P. Taylor du Musée des beaux-arts de l’Ontario) inclut chacun des quatre éléments de la tradition grecque. La présence de l’eau est évidente, tout comme celle du feu. Par contre, il est plus difficile de déceler à première vue la terre, symbolisée par le navire et son équipage, et l’air, manifeste dans le courant de vent qui transporte la fumée à travers la composition et un oiseau de mer solitaire en haut à gauche. Bien que Blackwood ait reçu une éducation méthodiste, le paganisme élémental agité de William Blake et ses manifestations visionnaires du monde naturel sont toujours présents dans son style. Ici, la baleine mystique peut être considérée comme un grand dieu souriant de la nature, silencieusement séparé des destins inconstants de l’humanité.

Lorsqu’on lui a posé la question, Blackwood a dit ne pas vraiment comprendre pourquoi tant de gens sont attirés par cette œuvre plutôt que par ses nombreuses autres compositions représentant des baleines, des marins, des sages-femmes, des navires ou des maisons transportées sur l’eau. L’une des explications pourrait être ce fait rare qui peut arriver à des artistes exceptionnels au sommet de leurs capacités. À titre de comparaison, chacune des gravures sur bois de la série Trente-six vues du mont Fuji de Katsushika Hokusai est exceptionnelle, mais c’est La grande vague de Kanagawa qui a captivé l’imagination du monde entier. Dans la vie d’un grand artiste, il y a des moments rares, parfois singuliers, où il est gratifié de la capacité d’exprimer une résonance profonde et de créer une œuvre qui se prolonge au-delà de son intention première.


Estimation : 60 000 $ - 80 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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