LOT 013

AANFM AUTO CAS QMG RCA SAAVQ SAPQ
1924 - 2001
Canadien

À bas la cadence
huile sur toile
signé et daté 1959 et au verso signé, titré À bas la cadene [sic] et daté
38 1/4 x 51 1/4 po, 97.2 x 130.2 cm

Estimation : 150 000 $ - 200 000 $ CAD

Exposition à : Heffel Montréal

PROVENANCE
Collection de l'artiste, Montréal
Acquis de la susmentionnée par la collection privée actuelle, Montréal, en 1997


La peinture abstraite de Marcelle Ferron se distingue par la primauté du geste, la force lumineuse de la couleur et l’équilibre harmonieux de ses compositions. Ferron, l’une des plus jeunes signataires du Refus global en 1948, est initiée aux techniques de la peinture automatiste par Paul-Émile Borduas. Elle développe rapidement une vision très personnelle de la peinture qui privilégie les réactions émotionnelles et subconscientes plutôt que la préconception rationnelle. En 1953, le groupe des Automatistes se dissout et Ferron s’installe à Paris. Commence alors sa période la plus productive et la plus révolutionnaire. Les œuvres éblouissantes qu’elle peindra pendant son séjour de 13 ans en France la propulsent vers une reconnaissance internationale auprès d’importantes galeries et de collectionneurs.

Alors que ses compositions de la période montréalaise sont denses et sombres, et caractérisées par des ombres profondes et des lueurs intérieures, les peintures qu’elle réalise à Paris sont plus grandes et plus libres. Elles se distinguent par des éclairs de couleurs prismatiques et de grandes zones de blanc lumineux appliqués sur la toile avec un mouvement énergique. Ce changement de style répond partiellement aux exigences du marché européen qui recherche une peinture plus vivante et plus chromatique. Sur un plan concret, à Paris, Ferron a accès à des matières et des matériaux de meilleure qualité, ce qui lui permet de conférer à sa peinture tout son potentiel dramatique.

En particulier, à la fin des années 1950, un mécène lui donne un lot de pigments coûteux avec lesquels elle obtient des couleurs plus vives et plus éclatantes. Fait inhabituel pour une artiste canadienne travaillant à l’étranger, le Conseil des arts du Canada lui octroie en 1957 une importante bourse qui lui permet de financer l’achat de toiles de plus grandes dimensions. Elle se met aussi à utiliser des instruments de grands formats : après avoir longtemps délaissé les pinceaux pour les couteaux à palette et les spatules, elle fait fabriquer d’énormes lames par un ferronnier d’art. Ces racloirs de largeurs différentes, mesurant parfois jusqu’à un mètre de longueur, lui permettent de former des compositions animées par de grands gestes de raclage et de balayage dynamiques.

Ferron mélange et broie elle-même ses pigments, puis les lie avec de l’huile de lin ou encore de l’huile de pavot, un médium qu’elle préfère en raison de sa couleur plus claire et de sa résistance au jaunissement, en particulier lorsqu’il est mélangé à du blanc. Intransigeante pour ce qui est de l’utilisation du blanc, Ferron reprend régulièrement ses œuvres terminées pour appliquer de nouvelles couches de peinture sur les zones salies ou décolorées. Ce processus de renouvellement continu donne naissance à des toiles brillantes, dont la disposition des couleurs, lumineuses comme des joyaux, est renforcée par la primauté structurelle des blancs éclatants.

C’est dans ce tumulte de peinture directe et active qu’est né À bas la cadence, tableau peint la même année que Le gypaète pourpre (collection privée, vendue par la Maison Heffel en novembre 2023). Les deux œuvres ont la même échelle, quoique la première soit orientée horizontalement plutôt que verticalement. Des taches de noir, de vert, de pêche et d’ocre parcourent la toile, délimitées en haut et en bas par des traverses de blanc. Alors que le titre propose de « ralentir », la procession horizontale de la composition suggère à l’inverse vitesse et vitalité, car les traînées géométriques de couleur sont rendues avec furie et turbulence. L’effet global est emblématique de l’habileté de l’artiste à rendre la spontanéité du geste, la lumière et le rythme.

La période où À bas la cadence est peint est parmi les plus fructueuses de Ferron, celle où elle est propulsée à l’avant-garde de l’abstraction internationale. Ses tableaux sont présentés à plusieurs occasions à Paris, elle a sa première exposition solo européenne à la Galerie Apollo à Bruxelles en 1956 et elle participe à la troisième biennale d’art canadien à la Galerie nationale du Canada en 1959, l’année de la création de la présente œuvre. Deux ans plus tard, elle est sélectionnée pour représenter le Canada aux côtés de Ron Bloore, Alex Colville, Gordon Smith et Harold Town à la VIe Biennale de São Paulo (1961) où on lui décerne la médaille d’argent, une première pour une Canadienne. De retour à Montréal en 1966, elle passe de la peinture au vitrail, une technique à laquelle elle se consacrera pendant près de 20 ans. Ferron conservera le tableau À bas la cadence dans sa collection personnelle pendant toute cette période, jusqu’à ce qu’un collectionneur privé en fasse l’acquisition en 1997. Offert pour la première fois sur le marché, À bas la cadence est un exemple magnifique d’une peintre parvenue au sommet de son art.

Ce lot est accompagné d’une lettre confirmant la provenance de l’œuvre, signée par Lorraine Palardy de la Ga


Estimation : 150 000 $ - 200 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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