PROVENANCE
Pierre Matisse Gallery, New York
Acquavella Modern Art, Nevada
Mira Godard Gallery, Toronto
Collection privée, Ontario

BIBLIOGRAPHIE
Riopelle: Paintings from the Fifties, Pierre Matisse Gallery, 1989, reproduit et répertorié, non paginé
Yseult Riopelle, Jean Paul Riopelle Catalogue Raisonné, Volume 2, 1954 - 1959, 2004, reproduit page 181, catalogue #1954.059H.1954

EXPOSITION
Pierre Matisse Gallery, New York, Riopelle : Paintings from the Fifties, 18 avril - 20 mai 1989, catalogue #14

Considéré comme l’un des peintres les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle, Jean Paul Riopelle accède à la célébrité internationale en 1954, un moment décisif catalysé par sa première exposition personnelle à New York à la légendaire galerie de Pierre Matisse. Cet événement fondateur, suivi de 11 expositions, a marqué le début d’une collaboration enrichissante et durable entre ces deux titans du milieu de l’art de l’après-guerre.

La préface du catalogue de l’exposition de 1954 a été rédigée par Georges Duthuit, gendre d’Henri Matisse, et traduite en anglais avec éloquence par Samuel Beckett, un proche de Riopelle. Ce texte établit une analogie frappante entre la technique de l’artiste et les sensations immédiates du monde naturel. Il compare l’approche de Riopelle au déploiement de la terre, des nerfs et de l’épiderme, évoquant une représentation vivante de la vitalité et de l’immédiateté. Il ajoute : « Tel un trappeur fraîchement débarqué des solitudes canadiennes qui mesure sa foulée sur nos trottoirs étroits, Jean-Paul Riopelle semble à peine contenir l’énergie débordante de la jeunesse dans sa plénitude, son impétuosité et son caractère péremptoire, qui défient distance et volume. »[1]

L’année 1954 marque également un changement stylistique important dans l’œuvre de Riopelle, une transition entre les peintures avec coulures du début des années 1950 et les compositions emblématiques de style mosaïque qui ont fait sa renommée. Sans titre (1954) est la quintessence de la convergence des diverses tendances stylistiques de Riopelle. Des teintes vibrantes et des jeux de couleurs dynamiques palpitent à travers la toile, résumant l’essence de la ferveur créatrice de Riopelle. Cette œuvre témoigne visuellement de la maîtrise de la forme et de la technique, faisant le lien entre la spontanéité gestuelle de ses premières peintures avec coulures et la géométrie structurée de ses « mosaïques » ultérieures.

L’historien de l’art Serge Guilbault donne un aperçu des œuvres de Riopelle datant des années 1950, qu’il décrit comme suit :

Son travail des années 1950 est tout entier dirigé vers la présentation de rhizomes empâtés, réseaux linéaires si complexes que l’œil ne perçoit pas les détails des agglomérations visuelles. Le regard ne s’attarde pas, il englobe, il louvoie, il glisse sur la surface, gardant à l’esprit le seul plaisir du détachement : liberté de l’amateur de vol à voile, de planeur, qui remplace et continue la tâche du flâneur moderne.[2]

La présence physique et la profondeur tactile de Sans titre (1954) transcendent ses dimensions physiques. Il s’agit d’une peinture exaltante qui captive par ses tons de joyaux et sa composition tendue.

1. Georges Duthuit, « Un peintre de l’éveil : Jean Paul Riopelle », dans Riopelle: First American Exhibition, catalogue d’exposition, New York, Pierre Matisse Gallery, 1954, n.p.

2. Serge Guilbault, « De la terre au ciel avec Riopelle », dans Guy Cogeval et Stéphane Aquin (dir.), Riopelle. Œuvres de la collection de Power Corporation du Canada et du Musée des beaux-arts de Montréal, catalogue d’exposition, Montréal, Musée des beaux-arts de Montréal, 2006, p. 26-27.

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