LOT 307

AUTO CAS QMG RCA
1905 - 1960
Canadien

Two Works by Paul-Émile Borduas
crayon de couleur sur papier
,

a ) Un coin de Saint-Hilaire

crayon de couleur
vers 1929
5 x 6 7/8 po, 12.7 x 17.5 cm

b ) Excerpts from Refus global

livre en édition limitée
8 5/8 x 7 3/8 po, 21.9 x 18.7 cm

Estimation : 6 000 $ - 8 000 $ CAD

Vendu pour : 4 000 $

Exposition à : Heffel Montréal

PROVENANCE
Un don de l’artiste à Bernard A. Bernard, Montréal
Par filiation à la collection privée actuelle, Montréal


Ce pastel est inclus dans le catalogue raisonné en ligne de François-Marc Gagnon sur le travail de l’artiste au https://borduas.concordia.ca/fr/catalog/3547, numéro de catalogue #2023-1517.

Les extraits de Refus global comprennent les textes suivants : « Refus global » et « En regard du surréalisme actuel » de Paul-Émile Borduas, et « Qu’on le veuille ou non… » par Fernand Leduc. Ces textes sont accompagnés de la couverture rouge et blanche, et ne sont pas reliés ou agrafés, comme ils ont été publiés à l’origine. Attention : ce lot n’est pas une version complète du manifeste Refus global.

Quand Borduas exécute ce dessin, il est déjà installé à Paris depuis plusieurs mois. C’est du 8, rue Furstemberg, c’est-à-dire des Ateliers d’arts sacré où il poursuit sa formation auprès des maîtres Maurice Denis et Georges Desvallières, qu’il envoie à Bernard A. Bernard cette étude au crayon, accompagnée des mots suivants : « Cher ami, Pour toi, mon vieux, cet essa[i] de crayons de couleur. Intitulé “Un coin de Saint-Hilaire”. J’aurais aimé te le remettre moi-même. Je n’ai pu, faute d’adresse. » Cet envoi n’est sans doute pas étranger à la lettre reçue de son ami, dans laquelle Bernard A. Bernard lui fait part d’une crise nerveuse et d’un profond abattement survenu à la suite d’un effort excessif. À son retour de Bretagne, où il a passé un mois de vacances, Borduas s’empresse de rassurer son compatriote :

Bien cher ami,

Vraiment je n’attendais plus de tes nouvelles, aussi ta bonne lettre m’a fait plaisir. Mais tu m’as peiné en m’apprenant que tu fus malade. Heureusement que depuis bien longtemps déjà tout va bien. Si tu veux me croire, tu ne travailleras plus jamais aussi imprudemment. […] La semaine prochaine je partirai pour la Lorraine où je décorerai la plus belle des petites églises, juge de mon plaisir. La France est un pays merveilleux mais surtout Paris. À cause de tout ça je ne m’ennuie pas, tout en pensant souvent oh ! Très souvent à mon beau Canada, à Saint-Hilaire et à mes amis .

En lui offrant ce dessin de l’église de Saint-Hilaire don’t l’image reste gravée dans la mémoire, Borduas cherche non seulement à redonner confiance à son ami d’enfance et à réaffirmer son attachement à son lieu natal, il veut aussi rappeler la raison de son absence : devenir, comme son maître Ozias Leduc avant lui, un authentique décorateur d’église.

La forte présence dans le dessin de Borduas des arbres en avant-plan est un rappel de la nature canadienne représentée dans la décoration intérieure de l’église de Saint-Hilaire. Car, comme l’a bien vu Laurier Lacroix, « [p]our Leduc, l’art repose d’abord et avant tout sur une volonté et une capacité de “pénétrer la nature”. Pour ce faire, l’artiste doit comprendre et maîtriser la matière don’t est composée cette nature, qui se révélera alors comme une source infinie, capable de nourrir la création d’une œuvre . » Durant les années de formation que Borduas a passées auprès de lui, Leduc lui a enseigné que la nature et l’artiste sont indissociablement liés, que le peintre doit s’appliquer à tenter d’en percer les mystères. Dans un hommage qu’il rendra plus tard à son mentor, Borduas évoquera le sentiment profond qu’a fait naître son contact initial avec la peinture de Leduc.

Tout porte à croire que Borduas, à l’image du maître canadien, espère tirer de son séjour en France des enseignements nouveaux propices à son travail. Le jeune peintre-voyageur exploitera par la suite ce même thème à deux reprises au moins. Un croquis à l’encre de l’église de Saint-Hilaire , réalisé à son retour au Québec en 1930, montre en effet des similitudes avec le dessin envoyé à Bernard A. Bernard. Si les éléments familiers – arbres en avant-plan et clocher – structurent ici verticalement la composition, c’est le mont Saint-Hilaire qui domine l’ensemble. Dans une autre composition intitulée L’Église de Saint-Hilaire , peinte vers 1933, Borduas, qui a évolué vers une approche plus symboliste de la réalité, représente la façade nord de l’église paroissiale. Il déplace savamment la croix qui orne le clocher sur l’armature d’une fenêtre, qu’il entoure de lierres. Le motif en arabesque des branches ainsi formé est emprunté aux Nabis : transposé sous forme d’allégorie, il montre la leçon exemplaire que Borduas a retenue de son récent séjour en Europe.


Estimation : 6 000 $ - 8 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


Bien que nous ayons pris soin d’assurer l’exactitude de l’information publiée, des erreurs ou omissions peuvent se produire. Toute enchère est soumise à nos modalités et conditions de vente. Les enchérisseurs doivent s’assurer qu’ils sont satisfaits de la condition du lot avant d’enchérir. Les rapports de condition sont disponibles sur demande.