LOT 012

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1923 - 2002
Canadien

Sans titre
huile sur toile
signé et daté 1958 et au verso inscrit indistinctement
31 3/4 x 39 3/8 po, 80.6 x 100 cm

Estimation : 250 000 $ - 350 000 $ CAD

Vendu pour : 421 250 $

Exposition à : Heffel Toronto – 13 avenue Hazelton

PROVENANCE
Galerie Walter Klinkhoff, Montréal
Collection privée, Montréal

BIBLIOGRAPHIE
Vie des arts, vol. 25, no. 100, automne 1980, page 14
Vie des arts, vol. 27, no. 110, mars-avril-mai 1983, reproduite couverture intérieure
Yseult Riopelle, Catalogue raisonné de Jean Paul Riopelle, addenda en ligne, Volume 2, 1954 - 1959, 2004, http://www.riopelle.ca


Cette œuvre sans titre de 1958 est une puissante démonstration de la force et de l’esprit créatif exubérant de Jean Paul Riopelle. Elle donne une impression de mouvement effréné et d’énergie inépuisable, qu’il possédait d’ailleurs. À l’époque, Riopelle est fermement établi dans le milieu artistique effervescent de Paris, où il vit depuis 1949. Artiste prolifique, il participe à de nombreuses expositions collectives et individuelles, notamment à la galerie Pierre Matisse (New York), à la Galerie Jacques Dubourg (Paris), à la Biennale de Venise en 1954 et à la Biennale de São Paulo en 1955 qui confirment son statut d’artiste canadien de renommée internationale. Au cours de cette période, il rencontre Sam Francis et Alberto Giacometti, et surtout la peintre américaine expressionniste abstraite Joan Mitchell qui sera sa compagne durant 25 ans, et noue avec eux de profondes amitiés.

Sans titre incarne un moment charnière transformateur de la longue et célèbre carrière de Riopelle. Il annonce l’évolution de son œuvre, de ses « mosaïques » vers son style plus libre des années 1960. Les coups de couteau à palette sont plus irréguliers et vont dans tous les sens, contrairement aux compositions denses et organisées du début des années 1950. On remarque aussi l’apparition d’un maniement plus expressif, et presque calligraphique, de la spatule. En effet, des lignes courbes, des gribouillis et même de petites boucles apparaissent en combinaison avec ses coups de couteau en forme de tesselles. La composition globale est davantage tournée vers l’extérieur, Riopelle cherchant à créer du mouvement et à insuffler de l’espace dans la toile.

Sans titre est dense en matière accumulée : la peinture est appliquée à la spatule en couches épaisses pour former des tourbillons, des vagues et des crêtes. Riopelle est reconnu pour la quantité prodigieuse de peinture qu’il utilise sur ses toiles. Il en explore les qualités plastiques et donne à chaque touche de couleur une qualité sculpturale. Sans titre brille comme un joyau, avec ses accents d’améthyste, de rouge rubis, de vert émeraude, d’aigue-marine, de jaune et de cobalt qui émergent à travers des touches de noir et de blanc. Même la palette est empreinte de l’énergie explosive de l’artiste, qui fait ici écho à l’effervescence de l’époque. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Paris devient un haut lieu de création, attirant des artistes de tout l’Occident dans un milieu favorable à l’une des plus grandes périodes d’expérimentation et de production artistiques du XXe siècle.

Riopelle n’échappe pas à cet élan et à cette effervescence, et la période couvrant la fin des années 1950 jusqu’au début des années 1960 sera pour lui une période de grandes expérimentations. En 1958, année où il peint Sans titre, il se remet à la sculpture dans un atelier qu’il partage avec la sculptrice Roseline Granet à Meudon. Il semble que sa pratique tridimensionnelle influence des peintures comme celle-ci, et vice versa. Il décrit d’ailleurs ces œuvres comme des « sculptures à l’huile », comme l’explique sa fille Yseult Riopelle.[1]

L’esprit d’expérimentation et le dynamisme de l’époque se ressentent dans la toile présentée ici, mais surtout dans l’énergie créatrice et la force pure de Riopelle. Sans titre est une œuvre captivante avec son mouvement vers l’extérieur, sa palette de couleurs éblouissante et sa surface expressive, le tout imprégné de la force vitale de l’artiste.

1. Yseult Riopelle citée dans Marie-Claude Corbeil, Kate Helwig et Jennifer Poulin, Jean Paul Riopelle: The Artist’s Materials, Los Angeles, Getty Conservation Institute, 2011, p. 11 [traduction libre].


Estimation : 250 000 $ - 350 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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