LOT 019

1903 - 1975
Britannique

Young Girl (Brown on Brown)
huile et crayon sur panneau
signé et daté Août 1951 et au verso signé, titré et daté
21 1/2 x 13 3/4 po, 54.6 x 34.9 cm

Estimation : 40 000 $ - 60 000 $ CAD

Vendu pour : 43 250 $

Exposition à : Heffel Toronto – 13 avenue Hazelton

PROVENANCE
G. Blair Laing Limited, Toronto, 1964
Collection privée, Toronto

BIBLIOGRAPHIE
New Sculpture and Drawings by Barbara Hepworth, The Lefevre Gallery, 1952, répertorié, non paginé

EXPOSITION
The Lefevre Gallery, Londres, New Sculpture and Drawings by Barbara Hepworth, octobre 1952, catalogue #30


Après la Seconde Guerre mondiale, le marbre se faisant rare, Barbara Hepworth se tourne vers la figuration et le dessin. Lors de l’hospitalisation de sa fille en 1944, Hepworth se fascine pour les procédures chirurgicales et l’habileté technique et manuelle des chirurgiens qui les pratiquent. Elle apporte son carnet de croquis dans la salle d’opération du Princess Elizabeth Orthopaedic Centre à Exeter et observe les gestes précis et habiles des équipes médicales au travail. Entre 1947 et 1949, elle réalise près de 80 œuvres à l’encre et à la craie, connues sous le nom de Hospital Drawings.

À la même époque, entre 1947 et 1951, Hepworth réalise une série de nus figuratifs dont Young Girl (Brown on Brown), qui témoigne de son intérêt à introduire un élément humain plus solide, tempère son modernisme et coïncide avec un virage plus organique de sa sculpture à cette époque. Hepworth utilise des danseurs comme modèles, préférant les représenter en mouvement ou au naturel, dans des moments de détente, plutôt que de leur faire prendre des poses fixes et artificielles. Elle se familiarise avec leurs mouvements, capturant leur équilibre et leur énergie dans des dessins au crayon gracieux et minimalistes. Un groupe d’œuvres figuratives (ainsi que quelques pièces purement abstraites) est exposé en 1950 dans le pavillon britannique de la Biennale de Venise, avec des œuvres d’artistes britanniques antérieurs comme John Constable et Matthew Smith, ce qui pourrait suggérer que le modernisme de Hepworth serait le prolongement d’un héritage plus pictural.

Young Girl occupe indéniablement l’espace entre la peinture et le dessin. Le support – un panneau – a été apprêté avec du gesso et des lavis d’huile puis gratté. Hepworth a dessiné sur cette surface au moyen d’un crayon à mine de graphite, immortalisant le modèle avec une précision délicate. La figure debout semble de prime abord statique, dépouillée de tous ses traits distinctifs, mais le travail rythmique de Hepworth finit par l’animer. La courbe de la colonne vertébrale, les jambes travaillées à répétition avec rapidité et les cheveux à peine évoqués expriment, avec un rendu minimal, à la fois la retenue du mouvement et la force de la danseuse au repos. Malgré cette austérité, on perçoit sa présence dans sa façon de mettre son poids sur sa jambe ou dans le creux sculpté de son dos. Le corps est également travaillé avec la technique de l’estompage qui donne l’effet de relief – les contours et les muscles sont suggérés par le polissage et le grattage du support sous-jacent – ce qui expose l’arrière-plan brunâtre qui permet de suggérer la couleur de la peau. La surface plane acquiert ainsi une profondeur et des dimensions subtiles, modelées par l’utilisation de manipulations sculpturales.

Le singulier Girl du titre nous assure qu’il ne s’agit pas d’une paire de sujets, mais d’un seul, multiplié ou réfléchi. La danseuse est présentée en dialogue avec son propre corps; elle existe dans deux moments contigus ou vus simultanément depuis deux points de vue. À cette fin, Hepworth utilise une construction presque cubiste pour explorer la relation entre plusieurs figures (d’ailleurs, la Biennale de Venise de 1950 présentait également des œuvres importantes de Pablo Picasso et de Georges Braque). Hepworth a approfondi cette technique dans sa sculpture qui, à cette époque, commence à prendre un aspect plus organique et figuratif. Young Girl démontre que les deux techniques s’influencent mutuellement : le travail habile de l’artiste élève le croquis au rang de sculpture, et le dessin de la figure devient monumental. Cette œuvre démontre avec habileté que les dessins de Hepworth ne sont pas accessoires à ses sculptures, mais bien des démonstrations très efficaces du mariage de la forme et de la ligne chez l’artiste.

Nous remercions Sophie Bowness, PhD, qui nous a fourni des informations pour préparer ce texte. Bowness prépare actuellement le catalogue raisonné révisé des peintures et dessins de Hepworth, dans lequel cette œuvre est incluse sous le numéro BH D 286.


Estimation : 40 000 $ - 60 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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