LOT 208

AUTO CAS QMG RCA
1905 - 1960
Canadien

Fanfaronnade
huile sur toile
signé et daté 1954 et au verso titré, daté sur les étiquettes et inscrit « Borduas, 119 E 17 New York 3, N.Y. » sur l’étiquette de l’artiste
18 x 15 po, 45.7 x 38.1 cm

Estimation : 70 000 $ - 90 000 $ CAD

Vendu pour : 241 250 $

Exposition à : Heffel Toronto – 13 avenue Hazelton

PROVENANCE
Galerie Agnès Lefort, Montréal, 1954
Gérard Lortie, été 1955
Galerie Claude Lafitte, Montréal
La collection Joan Stewart Clarke, Vancouver

BIBLIOGRAPHIE
François-Marc Gagnon, Paul-Émile Borduas (1905 - 1960): Biographie critique et analyse de l’œuvre, 1978, mentionné pages 365 et 386
François-Marc Gagnon, Paul-Émile Borduas: A Critical Biography, 2013, titré Boast, mentionné page 374

EXPOSITION
Galerie Agnès Lefort, Montréal, En route!, 12 au 26 octobre 1954, catalogue #8


On ne saurait trop insister sur l’autorité artistique et culturelle de Paul-Émile Borduas au Canada. Puissant modèle d’engagement envers l’art, théoricien de l’art important, enseignant et mentor influent pour des générations d’abstractionnistes montréalais, il est également à l’origine du manifeste artistique le plus important du Canada, le Refus global (1948). Cet appel franc à la liberté esthétique et sociale a éclaté à partir du groupe qui s’est formé autour de Borduas à Montréal au début des années 1940 et qui, en 1947, se sont appelé Les Automatistes. Comme son nom l’indique, Borduas et ses confrères plus jeunes – dont Jean Paul Riopelle – ont été contraints par les techniques « automatiques » des surréalistes et l’expérimentation dans l’art en général. Le groupe expose à New York en 1946 et à Paris en 1947.

Le Refus global critique sans ménagement la politique conservatrice du gouvernement du Québec et de l’Église catholique de l’époque, de sorte que Borduas est suspendu de son poste d’enseignant à l’École du meuble de Montréal. Sa réponse tardive fut de déménager aux États-Unis, d’abord à la colonie d’artistes de Provincetown, dans le Massachusetts, à l’été 1953, puis à l’automne de la même année, à New York (à l’adresse inscrite sur l’étiquette de l’artiste sur le verso de Fanfaronnade). Bien qu’il ait réussi à New York, il s’installe néanmoins à Paris deux ans plus tard.

Borduas a profité du développement inégalé de la peinture abstraite à New York à cette époque. Certaines peintures démontrent son intérêt pour les techniques de Jackson Pollock, par exemple. Les graffitis, également de 1954, comprennent des écheveaux de pigments dégoulinants et lancés. Mais conformément à l’appel à la liberté et à l’indépendance personnelle lancé par les Automatistes, son travail est resté indéniablement le sien. Fanfaronnade s’est développé dans la trajectoire des préoccupations picturales évidentes dans le travail de Borduas de la fin des années 1940 et son travail pré-new-yorkais des années 1950.

La superposition magnifiquement complexe de pigments de surface que nous voyons dans Fanfaronnade est vintage Borduas. Des formes intensément colorées se croisent et se chevauchent. Certains sont fusionnés en traînant un pigment épais avec un couteau à palette; d’autres sont plus minces et semblent couler d’eux-mêmes. Alors que toutes les parties de la toile sont mises en mouvement par la manipulation dynamique de Borduas, les points focaux émergent comme des figures contre un arrière-plan. Les passages verts largement horizontaux ne forment pas un fond conventionnel, mais les formes principalement rouges, noires et blanches dominent plus près de ce que nous percevons comme la surface de la peinture pour établir des motifs temporairement perceptibles.

Le titre de Borduas nous pousse à imaginer qu’il faisait référence à sa propre maîtrise de la technique et de sa confiance, nous pourrions aussi penser que l’éclat de cette peinture le justifiait de se sentir plus « américain » à cette époque, comme il le prétendait. Mais plus largement, Borduas était un chef de file dans les termes soulignés par Lora Carney lorsqu’elle mesurait ses contributions : pour Borduas et les Automatistes, l’avant-garde « n’est pas seulement un mouvement expérimental. C’est un mouvement basé sur la conviction que l’art peut être un agent de changement dans le monde. » [1]

Nous remercions Mark Cheetham, professeur d’histoire de l’art à l’Université de Toronto, d’avoir contribué à l’essai ci-haut. Cheetham est l’auteur de deux livres sur l’art abstrait: The Rhetoric of Purity: Essentialist Theory and the Advent of Abstract Painting et Abstract Art Against Autonomy: Infection, Resistance, and Cure since the 60s.

Cette œuvre figure dans le catalogue raisonné en ligne de Paul Émile Borduas par François-Marc Gagnon au www.borduas.concordia.ca/en/about/index.php, catalogue #2005-0129.

1. Lora Senechal Carney, Canadian Painters in a Modern World, 1925 - 1955: Writings and Reconsiderations (Montréal: McGill-Queen’s University Press, 2017), p. 211.

Pour la biographie de Joan Stewart Clarke en format PDF veuillez cliquer ici.


Estimation : 70 000 $ - 90 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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